La langue verte et la cuite (Contents)


La langue verte et la cuite
Authors Asger Jorn & Noël Arnaud (Jean Jacques Pauvert editor)
Publisher Jean Jacques Pauvert
Publishing date 1968
Series Library of Alexandria, Vol. 3

La langue verte et la cuite (Contents) is a book written in French by Asger Jorn and Noël Arnaud, and edited and published by Jean Jacques Pauvert in 1968. The book was written in reaction to the 1964 book Le cru et le cuit (The Raw and the Cooked) by Claude Lévi-Strauss, which was an examination of structuralist theory. The book contains numerous short essays with titles that parody French culinary dishes and texts that focus on Jorn and Arnaud's dissatisfaction with structuralist theory, coupled with historical greyscale images where the tongues of sculptures, people, and animals have been distinctly highlighted in colour. The book is 327 pages in length and contains over 300 images.

Contents

Presently, the texts of the book are only available in French at this archive.

Prélude aux fines herbes

Le livre que vous allez déguster ici sur la cuisine des langues est le premier du genre. Ce fait surprenant trouve son explication dans l'obstacle, jusqu'à nos jours infranchissable, que dressait l'énigme cultelique de la personnalité. Strictement personnel, ce livre évidemment n'existe pas, puisque par définition ce qui n'existe pas n'est personne et que personne ne peut exister à l'heure présente.

Pourtant, les progrès fulgurants de la nouvelle zéromorphie scientifique nous ont permis de recoudre ce problème délicat grâce à la mise en oeuvre d'une néantechnique largement computaine, nécessaire à la struction glutosonore de notre diamarche ethnogastrique.

Pour avoir ainsi amplement satisfait notre soif auditive aux bonnes sources coulant de la source perdue, et heureusement retrouvée par les hommes de science d'aujourd'hui, nous avons saisi l'occasion de puiser dans des sources de premier cru déjà cuitées de l'art de demain.

Nous ne pouvons qu'imprimer notre plus vive reconnaissance et notre gratitude envers tous ceux qui ont montré une attitude mythophonique gracieuse, et de plus gratuite, d'une fécondité savoureusement poétique, humaine et savante. Nous remerdions particulinairement la Gotiska Gastrophilselskabets Generalurskottet de Stockholm, la Bibliothèque Nationale à Paris, la Cave Coopérative de Vinification de Labastide-de-Lévis (Tarn), le Département des Arts Culinaires du Museum of Modern Art de New York, le W.Z.T.X. de Cambera, MM. Le Bide-Oie et Gréviste, le Genièvre de Wambrechies, la M.P. de Naples, le Groupement autonome des cuisiniers radicaux-socialistes de la Guadeloupe, le D.D.T. de Lausanne, et surtout le Docteur Umberto Gambetta, Facteur ès Lettres et titulaire de la Chaire de Barcelettologie de l'Université Brucciato d'Albisola, qui a bien voulu nous autoriser à parcourir ses riches collections de légendes populaires de tradition orale. Nous déplorons que le F.N.C.O.P. de Chicago ait refusé sa collaboration, pour des motifs que la science, autant que la morale, réprouve. Fort heureusement, le Pomiane College du Nebraska a compensé - et au-delà - cette défaillance inexplicable.

La Science des Marmythes culiphoniques, tel eût pu être le titre de ce livre, si nous n'avions été ramenés à des ambitions plus modestes par le sentiment amplement justifié que, sur la voix que nous essayons d'ouvrir, tout ou presque tout reste à dire, avant qu'on ait le droit de parler de marmythes véritables. En effet, si, comme nous l'espérons, l'homoconie sur la naissance de l'homme marque ici quelques points fumants, ceux-ci ne tiennent à rien autre qu'à une attitude résolue d'illuminé devant l'objet obscur qui, pour la première fois peut-être, nous autorise à considérer les marmythes d'un point de vue complètement chromique.

Les sciences pfuisiques de notre époque évoluent arbitrairement parmi les connaissances des oeuvres d'une Nature qui, aux dires des savants, n'existe plus.

L'homme lui-même et sa langue doivent sans conteste passer à la même marmythe et être servis un jour en tant qu'objet de connaissance scientifique, eux aussi. Cette connaissance démontrera inéluctablement le pouvoir de la liberté dans les jeux arbitraires de l'esprit, laquelle fait que l'homme est une langue et que la langue est, pour ainsi dire, un homme, ce qui n'est qu'une façon de parler et de se rendre intéressant, comme on peut toujours prétendre que l'art d'aujourd'hui demeure le futur antérieur à l'infinitif présent de la science d'aujourd'hui.

Ouverture gastrophonique

Le génial maître-queux Escoffier ne manquait jamais, dans ses hautes leçons, de mentionner et déplorer la disparition de la langue humaine.

Inventée il y a des milliers d'années, la langue humaine n'existe plus depuis vingt siècles, sauf peut-être à titre de curiosité folklorique dans quelqu'es groupes ethniques isolés de la civilisation moderne.

Admis que l'homme lui-même est d'invention toute récente, puisqu'il date de la grande Révolution française, il est intéressant d'observer que la langue humaine avait disparu plusieurs millénaires avant que l'homme entier ne devienne le plat de résistance. On distingue là une de ces multiples contradictions entre nature et culture qui caractérisent la science culinaire.

Nous ne pouvons qu'imaginer ce que fut la langue humaine cuisinée de mille façons savoureuses. Nous n'en restons pas moins au point zéro de la langue humaine, ce qui est, après tout, fort encourageant puisqu'une langue zéro a précisément pour fonction propre de s'opposer à l'absence de langue. L'infinité des zéros se répétant rend la langue possible. A condition de n'être point trop gourmand, on peut déjà, pour l'instant, se contenter de demi-portions. Ce ne sont pas les méta-langues qui manquent.

De nos jours, alors que l'homme est en voie de disparition, l'absence nomique de sa langue se fait de plus en plus sentir, surtout dans la. cuisine où l'absence de langues humaines laisse présager les pires catastrophes, puisqu'une cuisine alanguie n'est pas de la cuisine: c'est un échec, du point de vue tant culinaire que stronomique.

Ce livre gastronomique est écrit pour prévenir un tel désastre en remettant la langue à sa place astronomique, c'est-à-dire visuelle, comme fondement même de la cuisine.

Une cuisine qui ne se fonde pas sur la langue et ne fond pas sur la langue ne relève pas du code gustatif de l'anthropophagie structuralinguistique.

Avec la linguistation culitonique, nous sommes - ainsi que nous l'avons précisé - passés dans le vide, ce qui exige une explication impliquée sur l'évidence avide antagonisante sous l'avidité évidente de la vidomorphie glossorielle.

Ici nous nous appuyons sur la mythification de la néantismogenèse nullogique exhaustive, exposée par l'éminent vidéologue Thomas v. Lehrstuhl, de l'Université de Nichtenheim dans son grand oeuvre (13 volumes): Eine kleine Nichtigkeit (« Un petit rien ») ou, au passage (vol. VI, pp. 179 sq.), il passe au passé de l'antique antitèse pour arriver au futur de la futèse, logiquement téléguidée par ce qui fut antérieur à l'antitèse, aujourd'hui démoderne.

Par une diavision dividuelle, il établit l'identité absolue entre le vide en tant qu'être et la vision en tant que devenir vidique. C'est ainsi que le devenir futuriste de la visionibilité glossorielle appartient à ce qui fut, et que la feue bonne cuisine est un mythe, ce qui, dans l'aspect culinographique, identifie le mythe avec le feu puisque le feu fut feu et la bonne cuisine fut. Cette mise au point fonde la diastructure de base, vidicule de notre futèse mythogastrique.

Après ce diapassement élastique du feu visionnaire dans le vide, envidé d'une vision auditive et vidiphile, nous pouvons dès maintenant nous installer dans la triple signividence scholastique, celle du vide, en soi vidu, du vidence, en soi dense, et du videur, en soi vidé, englobée par l'évidence dividée par le vidair (all.: lehrer).

L'heureusologie scolairisée de la futuration futétique implique un problématisme étrologique inévitable pour la diamarche glossoculinaire. Sa nullité étronomique ne s'applique ni au cultificiel ni au naturafficiel puisque, artificielle, la glossificassité de sa naturalisation gastreuse s'achève par la culination de sa t:ulstructabilité nationale qui trouve son originalité dans la formule logique qui-sine, qua-non.

Une nouvelle détermométrie détermythique récemment déterrée par la computologie diatermostatistique révèle ici un mouvement qui va de mal en pire - en termes pirométriques - vers le déculte dénaturé, donc artificiel.

Cette dramatomorphie désastrologique émane plus précisément du mal immanuel vers le pire transcendié qui est la transpiration de l'inspiration expirée, comme le voudrait la formule à descarter: « Je pense, donc je sue ».

Ayant descarté tout ce qui sent suie, nous pouvons aussitôt. consacrifier notre force majeure, entière et sangsueur à la paradisologie sangsaucissonore, harmonimétrique et assauciale des défutées possédérées par l'heureusonomie id~~llusive ce qui permet d'entreprendre notre tachisme avec un optimysticisme largement pissimissible que soustend le mythe hellénique rappelé par Tonplat dans son dialogue sur l'origine du pissimisme:

Mm 1
Agamemnon et Alcibiade se promènent en devisant dans la cour du gymnase à l'ombre des cyprès proches. A brûle-pourpoint, Agamemnon demande à son compagnon: " Alcibiade mon ami, ne serais-tu pas un spiritiste par hasard? » A quoi Alcibiade répond par une autre question: « Pourquoi cela? »

- Parce que, répond Agamemnon, tu pues fort les spiritueux.

Cette remarque spirituelle fut l'objet d'une longue suite de méditation? et de réflexions. Après quoi, Alcibiade demanda à son compagnon: « Agamemnon mon ami, ne serais-tu point par hasard un pissimiste ? »

Il est difficile d'analyser ce mythe à cause de la triple incertitude qui règne ici au sujet de la dévisagesse transludique du dialogue au bois templier des deux héros classiques. Encore qu'ils soient des spirites spectraux à l'aspectre spiritueux, on reconnait quand même en eux des êtres d'une versionomie purement olfactive.

Mais il y a plus. L'olfaction spectrologique de la boissonnerie liquide des cypressions gymnasticulaires à brûle-pourpoint (par conséquent mise à feu et en cendres) dégage, d'une façon définitifervente, la puanteur des héros spectroculinaires de la cruauté pourrielle, en rattachant justement l'odoronomie corpusculaire à la cuite boirocratique, fondée sur la linguophagie boitelle des bouteilles boiteuses qui sont à la base même de l'eau de feu (donc de la boisson brûlante à laquelle on se chauffe), comme il est mentionné dans plusieurs marmythes d'une transparenté assez nébuleuse sur l'origine exstatistique de l'ivressemblance compénétrante de l'esprit alcoolastique chez les sauvages hyperbucoliques.

La busivation butologique, en contrastructuration à la débutation abusive, nous amène au but de notre effort, quand nous avons assez bu. Comme le spiritiste a bu, l'abus appartient au règne de l'esprit. C'est là que les disbutants finissent par buter l'un contre l'autre par fission d'emboissonnement. C'est net et clair.

Nous avons alors établi que, par les codages olfactomorphes, s'exprime la même opposition impertinente, de nature culinaire, entre la boisserie d'une cuite et le crustacé pourléché. Ensuite et surtout - du fait que nous disposons d'une preuve supplémentaire à l'appui de nos interprétations - nous allons établir qu'il existe aussi des preuves, dans le domaine puanthologique, de l'existence d'un incertificat méthodoratif qui exige qu'on se borne, pour le moment, à la soulignification de l'aspect transpiromorphe des émanations volatiles que nous dévulgariserons avec pudeur dans les pages suivantes.

Sonate en sole meunière

Contrairement à toutes les prev1s1ons pissimistes, nous sommes parvenus à découvrir deux tribus sauvages qui apprécient hautement la langue et la recherchent avec ardeur. Ces tribus sont établies sur deux domaines mitoyens, à l'intérieur de l'agglomération parisienne; le premier de ces domaines se nomme Montparnasse et l'autre XIVe arrondissement. C'est là que nous avons recueilli les données de base de notre mémoire sur la langue crue et cuite, ses mythes et ses rites. Pour la commodité de l'exposé, nous désignerons désormais la tribu du Montparnasse par M et la tribu du XIVe arrondissement par 14 A.

La géographologie métrique qui déterme la doublùre diamétronomique des deux tribus étudiées établit la distincture de leur situlogement, suivant une méthode nettement spaciomorphe et superficile. Ce fait d'évidence n'empêche pas que les deux tribus cherchent à nous faire des histoires, abusives et imbuvables, au sujet de ce qu'il leur est advenu dans le passé.

Nous ne voulons pas d'histoires ! Et les libertés ainsi prises avec un texte mythique créent souvent des histoires fâcheuses, un mythe pouvant parfaitement contredire la réalité ethnogastrique à laquelle il prétend se référer. Cette distorsion - qui fait partie de sa structure - est toujours brouillée par l'histoiration dismythique qui, par là même, doit être exclue.

La raison pour laquelle nous dismythons les mythologies M et 14 A se voit confirmée par la comparaison des histoires qui se sont produites à cause des histoires que les deux tribus prétendent être leurs mythes d'origine, mais qui ne sont en réalité que ,des dismythes.

Le dismythe sur l'origine de la tribu M affirme:

Dm 1
C'est un pur hasard si notre tribu s'est localisée à Montparnasse. A l'origine, elle était migratrice, sans stationnement stable. Les annales de la légion romaine nous appelaient la tribu GLOUTONIQUE, et on nous craignait fort, et même outre mesure, à cause de notre courage fabuleux. Nous n'étions que des guerriers et cambrioleurs très paisibles.

Il est patent que les chromonotonies de ces histoires annales ne sont nullement mythiques, ce qui met en lumière la comparaison avec les histoires délyreuses de la tribu 14 A quant à son origine:

Dm 2
Notre tribu est d'origine alésiatique et occasionnellement sédentaire à ses moments de repos. Depuis son origine, elle s'est appelée la tribu GLOU-GLOU, et notre plus grande fête sacrée - qui durait toute l'année - consistait en la commémoration de la Prise de la Bouteille, au cours de laquelle notre peuple avait, avec ferveur, supporté les dures durées de la longue chaise d'Alésia. Nous n'avons jamais été des cambrioleurs, mais au contraire de braves pillards, ni courageux ni paisibles, mais héroïques et dignes de méfiance.

Il y a une contradiction diasensée entre ces deux dinamythes, contradiction creusée par la prétention des membres de la tribu M à une similituration entre le ton gloutonique et le bruit glou-glou d'un côté, de l'autre entre le ton culturomorphe et le bruit naturomorphe. Selon cette théorie, la tribu M devrait s'opposer à la tribu 14 A.

C'est en vain qu'une quantité d'ethnologues se sont penchés sur ce problême de la relation d'origine des deux tribus. Il s'impose pourtant de mentionner ici la fameuse hyperthèse, largement discutée, risquée par le sociologue italien Vitello Macchiato, suivant laquelle le mythe gloutonique et le mythe glou-glou n'étaient qu'une seule totalité holistique en diaversion tonique et bruitique, émanant à l'origine d'un unique peuple BRUITONIQUE. Cette proposition est tellement aberrante qu'elle a le mérite premier d'éluder tout commentaire extellecturel à son sujet.

Mais la triplicité de l'abus tributaire de ces dismythes imbuvables dépasse le manque de struction archilogique de leurs histoires, les oppositionnels en cause n'ayant rien vu ni rien compris pour la raison qu'ils étaient nettement entéressés dans cette affreuse confrontologie unilatérale et enterrible.

Soulignons que pour la réussite de notre diamarche éminemment scientifique il est de notre intérêt fondamental de rester entièrement désintéressés conformément à la loi qui veut que seul le non-intérêt peut avoir de l'intérêt puisque l'intérêt est sans intérêt au point de vue scientifique. Ainsi nous sommes sans intérêt, ce qui nous permet justement de nous intéresser, en vertu de la règle culimorphe: « on ne peut pas manger quand on a mangé ».

L'occasion nous est ainsi offerte de bondir immédiatement sur l'érotisme qui, avec raison, passionne nos lecteurs et les autres.

C'est seulement à partir de la domestication zoologique et botanologique . que .la diamétrie linguophonique e.ntre les deux tribus se fait remarquer. Un mythe zoodomestique de la tribu 14 A nous éclaire en partie sur la zoodomythologie de l'origine cocurielle de la gallonomie en basse-cour:

Mm 2
Un grand coq très âgé est las de son parcours journalier qui lui fait courir toutes les poules en nombre grandissant et l'oblige à des efforts érotologiques et perpéturbatifs considérables. Le propriétaire de la basse-cour, qui, lui aussi, est un grand coureur à bout de souffle, comprend la situation, se procure un jeune coq de bonne race et l'introduit dans le poulailler.

Le vieux coq apprécie la relève, salue le jeune fervent et lui propose fraternellement de diviser le lot en parts égales. Ainsi chacun aurait sa dosé de plaisir. Mais le jeune coq ne veut rien savoir d'un compromis égallistique. Il se veut le dominateur poulistique de l'ensemble entier.

Comme if n'y a aucune possibilité de trahison, le vieux coq se voit contraint de trouver une solution définitive au problème et, à regret, il invite le jeune coq à une concurrence sportive: « Puisque nous sommes des coureurs, lui dit-il, nous allons trancher entre nous, par une course en cour, de qui aura l'empire de la bassecour. Nous allons faire la .course du parcours de la cour dix fois de suite, et le plus rapide gagnera. » Le jeune èoq, sûr de sa couragibilité, accepte immédiatement et ne refuse même pas de concéder au vieux coq quelques mètres d'avance, en considération de son âge avancé et de son long stage dans la cour. Sur ce, ils se mettent en route.

Le propriétaire suit avec intérêt la compétition, espérant assister à une vraie bataille de coqs. La tournure des événements le plonge dans une stupéfaction béate. Comme pour lui un vrai coq est essentiellement un coureur de poules, et non un coureur de coq dans une course de cour, et que le jeune coq, tout à son idée de rattraper le vieux coq, se désintéresse totalement des poules, le propriétaire retire à son nouveau pensionnaire toute son estime au fur et à mesure qu'il s'obstine dans sa chasse. Et soudain il sort de son ahurissement, prend son fusil et, d'un coup bien ajusté, l'abat avant que celui-ci ait réussi à le démoraliser et à démoraliser le vieux coq. « C'est un peu fort, s'exclame le propriétaire, voilà le troisième coq pédéraste qu'on me vend! ». Alors le vieux coq se remet à son labeur érotologique, tout en déplorant l'impulsivation de la jeunesse immunologue, expultante au fait qu'il y en avait assez pour tout le monde.

Après avoir pouliment fait la cour tout entière, à la grande satisfaction poulinaire de la poularité courante, le vieux coq se transforme en homme courtois et s'envole dans les plumes, légèrement poulettristé par son sort, cependant que le jeune coq se prend à bouillir de joie dans sa marmythe, avec des poireaux et des carottes.

Cette marmythe de la tribu 14 A pose un problème que nous n'avons pas encore résolu: quel sens faut-il attacher à la gallopade bizarre de ces deux gallantins en coquetence cocaire? Nous ne le résoudrons pas avant d'avoir approfondi la sensualité de la voix érotodoxe dans le prochain chapitre sur le rôt meunière. Il faut donc s'armer d'un peu de patience.

Si le coq se transforme, par métamorphosologie, en un homme, le contraire est évidemment succédé par bruitonomorphie gauloiserielle. Comme on sait qu'un bon coq est nécessaire pour faire une bonne cuisine coculinaire, de même il faut un bon homme pour faire le coq. Cette évidencerie n'entache en rien l'aspect coquentinal qui perspectivera notre suivante enquêtude.

Par conséquent, dans une culture qui s'adonne à l'érotomie, les rapports entre homme et femme prennent un sens ambigu et équivoque. Considérée à l'état brut, toute chaîne syntagmatique doit être tenue pour privée de sens, soit qu'aucune signification n'apparaisse de prime abord, soit que l'on croie croire percevoir un sens mais sans discerner si ce sens est le bon. L'érotomisme insensé n'a pas de sens. Pourtant l'érotomisme doit être senti et le sexualisme compris et étudié. Pour surmonter cette difficulté, nous procédons à une sensuration érotomatique.

Le problème sensomorphe est difficile à résoudre. Il impose une structuration de l'orientalisation se_nsationnelle pour ne pas choir dans l'arbitraire occidentel. On doit aussi retenir que les règles diasensuelles de l'érotonomie consensuelle sont contraires au dé-sens érotonomique démenti, cependant que l'insensé de l'érotomorphie mentie se présente dans la coulée d'un sensibitionnisme mathématico-logique élucidé dans ses variabilités positionnelles par Van de Velde dans son ouvrage enculinaire L'angue de 1.000 façons.

Ces réserves faites, nous nous hasarderons à suggérer la table immensionnellement sym-et-dia-bolique, que voici:

STRUCTION DES SYMBOLES SENSUELS

Après cette systématogenèse méthodotautologique, nous pouvons reprendre avec plus de sécurité la comparaison des couj:umes qu'on nomme respectivement l'érotomisme primitif et traditionnel et l'érotomie naturelle et culturelle. Ne craignons pas de regarder en face la difficulté que nous rencontrerons par la suite q'uand nous buterons contre le sens poético-artistique inclus dans le cadre mystique de la mythologie sensorifiée. Opposé au revers, le sens poétique est le sens des vers, extroverti aussi bien qu'introverti, perverti aussi bien que converti, et la notion du sens vers où il faut verser les vers forme ainsi un sujet de contraversion.

Comment qualifier alors la langue universelle? C'est un problème sur lequel nous nous pencherons quand nous en aurons le temps. Toutefois on doit déjà distinguer logiquement les nombreuses universalités en transversalisme polyversel. Nous constatons que l'univers est unique et uniquement vers, comme le veut la version sauvage de la tribu 14 A, tandis que ceux de la tribu M voient dans la polyversalité l'unique univers dans lequel on peut verser les innombrables univers de terre, d'air, de mer, etc.

Dès lors on comprend le sens très précis qu'il convient d'accorder au voca, lisme sensuel de la codachromie des vers. Nous retournons de la sorte à cet.te confrontologie diagrammatique. Mais il s'impose d'examiner au passage la question de la rhinogradation nasobémathique avant de conclure à la versificassité unistrielle, en vertu de la démarche glossopédantique sur le bout de la langue.

Dans la version mythique des indigènes de 14 A, le sens poétique est uniquement une question de nez d'où on tire les vers. L'auditure gastrophonique, inverse de cette versionomie nasoïde, a été excellemment et suffisamment étudiée dans le traité nasomorphologique des nasobèmes intitulé Anatomie ef Biologie des Rhinogrades par le Professeur Dr Harald Stümpke (Masson et Cie, éditeur, 1962. Préface de P.P. Grassé, membre de l'Institut.) qui a décrit, parmi de nombreuses espèces, un nasobème latéral et des nasobèmes bilatéraux découverts dans l'archipel des Aïeaïeaïe il y a peu d'années, mais l'existence de deux spécimens de ces rhinogrades est attestée dans la France médiévale. La spécialité musiculinaire commune à tous les nasobèmes de l'espèce nasotonique est leur aptitude à jouer de la langue au cornet. Le cornet linguiste est nasobémé au museau dont les lèvres sont formées de telle sorte qu'il est parfaitement cornemusical au point d'ouïe castrophilippe (lèvre, en anglais = lipp). Ce disparallélisme museaumorphe engendre un problème qui pend au nez: celui des langues-mouchoirs dia polarisées selon qu'elles rentrent dans le nez ou en sortent. Nous reviendrons sur ce sujet une autre fois.

Symphonie aux poireaux râpés

La langue étant perdue, il convient d'en tirer les conséquences. D'après le mythe de la tribu M, la langue est un mot, donc une chose pàrce qu'une chose ne saurait être une chose sans être un mot. D'après le mythe 14 A, la langue est au contraire une chose, donc un mot. A la fois institution sociale et système de valeur, puisqu'elle est l'organe privilégié du goût et concourt à la déglutition et à la parole, la langue se présente normalement comme une partie charnue et mobile suspendue dans la bouche.

Tout se passe donc comme si les mots n'avaient à leur disproportion d'autre choix que celui de signifier les choses, ou - au contraire - comme si les choses n'avaient à leur disproportion d'autre choix que celui de signifier les mots en les incorporant à leurs entreprises louches. La suspension optative entre ces deux solutions contradictionnaires ouvre entre les deux tribus M et 14 A un abîme de mots et de choses. Il nous semble que cet asservissement congénital des mots aux choses ou des choses aux mots au sein de l'entreprise seindoux et ciblée s'est emprosée artificiellement en articulination réciprocéxuelle au niveau d'un nouveau nivellement néoplastique.

De l'avis des archithéologues verballistiques et des motologues avisuels, la chose détermine d'abord le mot par l'articulination du réel, soit un premier niveau linguophonique; ensuite, le mot détermine la chose par symbolition du réel au deuxième niveau glossonore où la sensualité semée fait place à la technique sensée et piluloroïde d'un sensibitionnisme intellectaire. C'est ce qu'on nomme la loi d'urbanismologie bâtimentale de la diffusion confuse des fissionomies divisionnelles du temps perdu.

Le rapport entre la,1gue et langage mérite examen. La langue c'est le langage moins la parole. Pour dégager la langue, il y a donc nécessité de lui couper la parole, ce qu'on obtient de manière radicale en coupant la langue tout entière. Ce carnage de la langue s'appelle le langage. L'opération elle-même a pour nom langagement.

Pour faire la cuisine, il suffit de suivre les bonnes recettes. A bonne recette bonne cuisine. Tout est là. Les bonnes choses se font au moyen de bons mots. Mieux qu'à une simple constatation, nous avons affaire ici à la recette méthodologique de la structuration des recettes culinaires. La cuisine scientifiquement gastronomique est une cuisine parlée. On cause la recette et on s'en gave. La bonne cuisine est un mythe. Un bon dîner se lit à haute voix. Ceux qui imaginent suffisante la distribution d'un menu scripturaire se trompent : ce n'est que lettre morte et noncomestible. « Les animaux se repaissent, l'homme mange, l'homme d'esprit seul sait manger ». Ce savoir lui suffit en tant que nourriture, puisque ce savoir lui bouche les oreilles. La boucherie oràle de l'intellect est un élément premier de la cuisine. En effet, les deux bouche-oreilles participantes établissent un système bilatéral indispensable à la structu-ration culinaire: elles sont simultanément deux (boucheoreilles) et synchroniquement bouche et oreilles.

« C'est parce qu'une langue suppose une suite de pensées que les animaux n'en ont aucune », disait déjà Buffon. Le fait que les animaux n'aient pas de langue est, de prime abord, un peu déconcertant pour la cuisine, mais il convient de se remémorer que « toutes les langues sont à la mesure des hommes », ainsi que l'attestait Turgot, même si elles sont petites. C'est que toutes les langues au monde appartiennent à l'homme: une langue de boeuf ou une langue de chat, d'oiseau ou de morue sont, suivant les mythes, des langues qui appartiennent à l'homme, donc des langues d'homme qui remplacent la langue d'homme, déjà disparue avec l'homme.

Quoi qu'il en soit, si la bonne cuisine est aujourd'hui un mythe hors de vue, c'est grâce à l'industrifricassité scientifigée qui a su le conserver. La motophonie structiste de la logique boiteuse nous réserve encore des surprises motomythiques de tous les mots qui motorisent la chose. Toutes les choses marrantes démarrent en logomotion motorisée; il en résulte que le mot arrive à motoriser des choses par leur originalité motrice.

La victoire de la cuisine motologique par le logement verbalistique du vocabulateur motomotivé par la vocation commotionnelle du nez à la moutarde nous offre une nouvelle entrée au plat mot-dit du jour conformément aux règles des motulations corbuscolaires.

Il est à retenir que ce point de départ motoculinaire de la science cu1smologique est marqué par l'établissement lessinguistique d'une laoconnerie lacomique dans le hors d'oeuvre motomythique de Gotthold Ephraïm Lessing: Laocoon oder über die Grenzen der Malerei und Poesie, Berlin, 1766.

Nous pouvons donc avancer, sur un accord général, que c'est la causerie qui effectue la cuisine effective. La cuisine marmythique et causale étant infective, la cuisine non-parlée est non-causale et défective. Allant ainsi en ligne droite de càuse à effet bavardigmatique, nous pouvons constater qu'il n'y aura jamais d'effet sans cause, ce qui légitime que la cuisine soit sacriléchifiée pour la bonne cause affective de la causine causée.

Quoi qu'il en soit, l'écriture reste zéro, et si on applique ici ses formules symboloïdes à l'imprimerie pour vulgariser nos pensées, c'est uniquement pour la raison princière qu'ils existent déjà en typographie. La bouphonologie scientifique dans son aspect gastrophonique est donc, théoriquement aussi bien que pratiquement, logique. Elle établit des diamensions symétriques et s'affirme conglomérationnellement participielle à la GASTROLOGIE GENERALE, au niveau superailleur de la gastrographie vicielle, confirmationnelle de la logique scientifique de la langue avant la lettre.

Comme la cuisine est faite pour satisfaire la langue, la langue est faite pour être cuisinée. A. Martinet, dans ses Eléments de Linguistique s'exprime clairement à ce sujet: « Une langue est un outil dont l'organisation révèle qu'il s'est formé à travers le temps pour satisfaire ses fins et que c'est son emploi à ces fins qui garantit la perpétition de son fonctionnement. » Ainsi la langue reste toujours un organe dont l'utilisation culinaire révèle le fonctionnement employonnaire, d'une finesse révélatrice pour la satisfaction temporaire et séculière et que garantit, à travers le code gustatif, une succession perpétuelle et transistorielle qui termine la fin de la langue.

L'homme moderne, qui cherche le but de tout, sait que ce but est la langue. Il sait aussi que tout se fait à la mesure de la langue, que toute cuisine est langagement et que nous vivons dans urie époque-langue.

Si l'apport des savants danois à cette sympathèse holinguistique est remarquable, nous ne croyons pas mésestimer leur effort en appelant l'attention sur les antiques traditions de la langue danoise qui opère, depuis toujours, cette identité en se servant du même mot pour exprimer le langage (en danois : maal), le but (en danois : maal), la mesure (en danois : maal) et le repas (en .danois : maaltid), comme on le constate dans la formule intraduisible : « I vor tungemaaltid er vor maal at maale landets maal i maaltider ». Ce qui, en français, relie le mets (culinaire) à la méthode et à la mesure métrique. C'est un bel exemple à suivre au cours de notre prochain voyage au bout de la langue.

Ainsi commençons-nous à comprendre que la langue en soi est une cuisine parce que la cuisine ne peut être qu'une langue, et la cuisine de la langue une langue de cuisine.

Arrêtons-nous un instant sur cette conception de la langue. La tribu M partage la conviction qu'une langue est une langue et que toutes les langues sont des langues, alors que la tribu 14 A prétend qu'il n'existe qu'une seule et même langue nommée la langue, ou, mieux, la langue des langues. Chaque fois que les indigènes de la tribu 14 A tombent sur une langue, ils s'écrient: « Voici la langue! », ce qui présuppose que pour la tribu 14 A la langue est multiple et polymorphe.

Nous touchons ici à deux caractères fondamentaux de la pensée linguisticoculinaire. La langue, tenue pour la somme de toutes les langues existantes, serait là - et même un peu là - dès lors que l'on aurait réuni toutes les langues du monde en une seule langue. Ce serait un fameux morceau, mais difficile à cuisiner.

Les sauvages de la tribu M soutiennent au contraire que cet effort est inutile et vain puisque la somme de toutes les langues n'est pas différente d'une seule des langues, ce qui n'empêche pas une langue d'être différente d'une autre langue, et même de toutes les autres langues au monde. On en infère que toutes les langues sont une seule langue en vertu précisément de leurs différences linguistiques.

On voudra bien réfléchir un instant sur cette altérité identique qui n'entre pas immédiatement dans notre démonstration mais qu'il est utile pourtant d'élucider pour souligner la position centrale qu'occupe la langue dans la cuisine des tribus M et 14 A, ce par quoi se justifie notre labeur.

L'établissement d'une communauté glotique autour d'une seule langue universelle est d'un avortage individuctiblement évidencible. Cela exige la disposification d'une récipuanteur à la taille glossoculinaire de l'unicuisson d'une même langue individée.

L'écologie productologique d'une entreprise semblable serait énormythique, puisqu'il faudrait cuisiner cette langue en une foi. Le feu étant un mythe ne pose aucun problème. C'est exclusivement la distributation démographologique qui est en cause. Mais les moyennances de transportabilité et les menstruations exactitudiques dont dispose la technocrassivité moderne devraient, avec facilitation, assurer la recévération portionnelle par chacun d'un glossaire comestipulé au bon moment et à l'endroit désiré.

Il est donc à comprendifier que l'enthousiasmologie avec laquelle la tribu M fête l'origine du culte communautaire de l'individu glossiversel d'après l'ancienne mythographie corrélative de tous les aspects linguistophoniques reste incorromplative.

Mais voici qu'à présent le problème s'élargit puisque nous sommes confrontés, par la mythomorphie de la tribu 14 A, à d'autres aspects distinguatifs des glossotonalités divisoirées.

L'inconvénienciation de la langue commune et individuelle avancée par la tribu 14 A vient du fait que cette langue est attachée à une tête, ce qui suppose une seule tête commune et individuelle universalement glosséphalomorphe et multicorpusculaire, avec cette conséquence que les nombreux corps doivent s'attacher, en participhonie cibouloïde, à la langue d'une tête communiaire. L'affortation biologorythmique d'une telle syntesticularité semblait insurmonterrible. Les tentativations compositoires d'une seule tête et langue commune à deux ou plusieurs corps ne connurent pas en effet de successions appréciaires et méritionales. Il y a donc du poids dans la protèse objectivocabulée par les membres de la tribu 14 A.

Mais il y a mieux. Bien que la langue et tête universalement individualistique soit économique, sa phrasomorphie nombrématique est en même temps d'une extrême pauvreté langoureuse dans la variabilition multitudologique.

Le lecteur risque d'être déconcerté par cette discussion sur l'unité et la multiplicité divisionnelle de la langue qui passionne les deux tribus examinées. Nous la justifions par lè projet que nous avons formé de traiter les séquences de chaque langue sectionnée et les langues elles-mêmes dans leurs relations réciproques comme des parties instrumentales d'une oeuvre musiculinaire et d'assimiler leur étude à celle d'une symphonie diaphone. Pour réaliser notre objectif, nous nous appuyons donc sur le monoglossaire polycéphale élaboré par l'Institut babylonaire en conclusion de ses expériences de sectionnement des individus polymonaires. Leur réussitation d'une ·seule langue communiée à deux et même trois têtes est apprécituelle, même si elle se heurte actuellement à la confrontation polycéphale qui nécessite une affrontation communautaire des têtes implicassionnées constituant un seul front à plusieurs visages dont un seul reste glossoire.

Les artisans du front commun étant multiples peuvent théologiquement se multiplier à l'infini, pourvu que le front s'agrandisse au furieumesure que les visas s'ajoutent.

L'exigation de l'égalibilité d'avis n'a pourtant pas envisagé l'agrandissement nécessif de l'objet glossocommun çlévisageant le visage particulinaire à la queue englossaire. Dans la monoglossologie polycéphale, il devient donc extrémistiquement difficiliaire, au-dessus d'un certain nombre assez restreint, d'envisager la langue commune en agrandissolution proportionistique àux nombres envisagés. D'où il appert qu'il est de nouveau nécessaire de prendre en considérabilité l'hostilitation incarnivorace dans le mouvement polyglossophile de la tribu 14 A. Celle-ci voit justement dans le nombre et la différencibilité des langues la richardise même, innée dans l'être languicionné.

Il est clair qu'une langue étant une langue est, par ce fait, en même temps différente de et égale aux autres langues. Cette différence-égalité peut être acceptée suivant une convention purement quantitative, ou encore selon une convention de valeur à la fois quantitative et qualitative.

Après cette mise en forme, nous pourrions regarder notre tâche comme terminée, si deux difficultés ne subsistaient.

En premier lieu, deux ou plusieurs langues de boeuf, de même poids et âge, exposées chez le boucher sont considérées comme égales au point de vue de la qualité. La différence réside uniquement dans le fait qu'elles sont deux ou plusieurs au lieu d'une seule. On peut les mettre l'une à côté de l'autre ou l'une sur l'autre, en les comptant suivant la convention de parité. Mais une fois rentré chez moi avec la langue que j'ai achetée, cette langue changera selon la recette de cuisine que j'emploierai, et pendant la cuisson elle restera pourtant la même langue. Cette langue crue, cuite, fumée, pourrie est toujours identique à elle-même d'après le mythe M.

En second lieu, les indigènes 14 A traitent avec le plus profond mépris cette constatation. Ils affirment qu'une langue crue n'est pas identique à une langue bouillie, cependant qu'une langue crue peut être identique à une autre langue crue, justement parce qu'elles sont différentes.

Les deux problèmes ci-dessus énoncés n'en font en réalité qu'un seul, et dès qu'on s'en aperçoit la solution apparaît. Il faut inventer des signes:

Aussitôt l'on comprend le sens très précis qu'il convient de donner au vocalisme diastructural des langues et de la langue des langues. Mais les problèmes ne sont pas résolus pour autant. Il est donc normal que nous cherchions à cerner les notions de plus près en démontrant le rapport entre les langues vivantes et les langues pourries. Un examen du mythe sur l'origine de la langue pourrie, en honneur dans la tribu 14 A, nous sera particulièrement précieux à cet égard.

Mm 3
Au commencement, une langue très vivante se promenait partout, bien pendue et attachée au gosier. Un jour, un piqueur de langues réussit à la dénicher avec un bâton férré. [En anglais, bâton se dit « stick », d'où vient le mot « linguistick », en français « linguistique ».] Par cette opération, la langue était devenue crue. On l'avait bouillie et salée, et mise en conserve. Puis on l'avait tranchée et grillée, et remise en conserve. Après quoi on l'avait oubliée. A cause de cet oubli, la langue avait pourri. Quand enfin on pensa à l'extraire de la réserve, on fit sécher à l'air chaud la langue pourrie et on la pila jusqu'à obtenir une poudre sèche de langue pourrie diluable dans l'eau. Ce mets était le préféré des poulets, mais les chiens le leur disputaient.

Ce mythe nous retiendra longtemps. Il est aveuglant, au premier coup d'oeil, qu'il nous restitue fidèlement, au prix d'un certain nombre de transformations, le mythe M du dénicheur de langues.

Remarquons d'abord la pluralité des niveaux qui se montre dans la démarche unilatérale de cette langue mythique, constituant un rite d'initiation à partir de l'état vivant et naturel en passant par la marmythe à l'état grillé et écrasé pour finir en langue pulvérisée diluée, en gravissant tous les échelons de la hiérarchie.

Par conséquent, on vérifie l'ensemble des transformations suivantes:

Chez les M une langue crue peut devenir une langue pourrie, une langue cuite aussi. Une langue crue peut être cuite, mais l'inverse est tabou. On peut sécher une langue crue, cuite ou pourrie. Et l'on obtient les combinaisons ci-après:

A. La langue vivante et gaie
B. La langue crue et humide
C. La langue crue et sèche
D. La langue cuite et humide
E. La langue cuite et sèche
F. La langue pourrie et humide
G. La langue pourrie et sèche
H. La langue crue et écrasée
I. La langue cuite et écrasée
J. La langue pourrie et écrasée
K. La langue en poudre sèche
L. La langue en poudre diluée
M. La langue crue chaude pourrie
N. La langue crue froide pourrie
O. La langue cuite chaude pourrie
P. La langue cuite froide pourrie
Q. La langue crue chaude pourrie sèche
R. La langue crue froide pourrie humide
S. La langue cuite chaude pourrie sèche
T. La langue cuite froide pourrie humide
U. La langue crue chaudè pourrie sèche écrasée
V. La langue crue froide pourrie humide écrasée
W. La langue cuite chaude pourrie sèche écrasée
X. La langue cuite froide pourrie sèche écrasée
Y. La langue goûtant
Z. La langue dégoûtante
Z' La langue goûtée
Z" La langue dégoûtée
Etc.

Cette recherche nous entraînerait au-delà des limites que nous nous sommes assignés et nous préférons donc revenir au mythe M sur l'origine de la langue pourrie.

Ici apparaît le miteux héros-dénicheur à la recherche des langues perdues. On ne s'étonnera pas de son apparition dans le récit de la 14 A. Le texte est clair sur ce point. Il appert à l'évidence qu'une langue ne peut être dénichée sans un dénicheur. Il faut donc qu'il se manifeste pour déclencher les événements. Le héros, parti à la recherche des langues perdues, néanmoins ne perd pas le nord.

On notera enfin et surtout que la langue en poudre est une langue multiple, ou - plus exactement - une langue multipliée par division, vu qu'un petit paquet de langues représente, dans les conceptions magiques de la tribu 14 A, la langue tout entière, laquelle est la somme de toutes les langues existant au monde.

Opéra buffet

Prenant une vue rétrospective de notre démarche, nous pouvons dire qu'elle commence avec des mythes dont le héros est un dénicheur de langues. Cela rappelé, il n'en est que plus saisissant de constater que les mythes juxtaposent abruptement le motif du dénicheur et celui de la langue, aussi bien que le motif de la langue des langues et celui des langues de la langue.

On retombe ici, une nouvelle fois, dans l'hostilité incarnée par le mouvement polyglossophile de la tribu 14 A, laquelle, en voyant dans le nombre et la différenciation des langues la richesse même de l'être, postule que chacun tient à sa disproportion personnelle plusieurs langues. L'exigence la plus modeste et en même temps la plus réaliste suppose au moins une double langue, cependant que le mouvement prenait toute son ampleur - en dehors de la tribu 14 A - en Allemagne, au XVIIe siècle, avec le voeu sacré: « Je voudrais avoir mille langues. »

Il est patent que la parole sloganlaïquifiante qui meut les adversaires monolinguistophoniques de cette abondentification nombrematique, savoir les indigènes de la tribu M qui affirment: « Langues de tous les pays unissez-vous! », crée une tension contrastructurielle génératrice d'une fugue se doublant d'une contre-fugue résuractionnaire assez doubitologique sur le plan ethnomorphe.

Récemment, la révolte étudiée, infernanterrible et ressorbonasse, a bouillonné à forte température dans les marmythes univagitées contre cette double injustice opprimaire de l'exploitation inhumaine et de l'indignacité universitaire, en prenant pour mot d'ordre: « A chacun sa langue! » L'argumentalité de ces encagés ne manquait pas de portée éviduelle. Songeons en effet que si quelqu'un s'empare de trois langues, trois autres personnes se voient contraintes de se partager une langue. Ainsi la communauté d'une seule langue est due à l'avidité collectivisieuse des possédentaires polylangoureux, ce qui trouble notre raison.

Après ces explications préliminaires, on admettra plus volontiers l'utilité d'un retour aux sources mythiques de l'origine perditionnelle de la langue au moyen d'une comparenté diaversionnelle entre les tribus M et 14 A. L'origine de l'origine coule toujours d'une,source assez originale : la langue, origine sourcière de n'importe quoi et de tout, comme les grandes choses proviennent toujours, par extraction mythologique, de la petite origine verbalistique du monde entier.

On pourrait nous accuser, il est vrai, de nous rendre ici coupable d'une pétition de principe originatale, puisque nous semblons postuler l'origine linguomythique des choses, ce qui devrait faire au contraire l'objet de otre démonstradation. Or, rien n'est plus dangereux, du point de vue d'une saine méthode de recherche dénichiaire, que d'adopter, d'une institution en cours d'examen, une définition qu'on a du mal ensuite à ne pas retrouver partout. Vu qu'on pourrait courir ce risque avec la langue et les langues, il est indiqué de s'appuyer définitivement sur leur perdition.

Voici la raison pour laquelle il nous faut ici profiter de l'élémentalité perditionnelle de notre scolasticion élastique : elle nous offre la possibilité d'une introduction parodigmatique au royaume bétisomorphe de la naissance principale d'une connaissance ·concurrentielle assez courante, selon quoi la démonstratification dispariétale de la langue coïncide avec la comparition d'un mythisme pariétal et logique.

Dès lors on comprend la parenté apparente de la réciprocité paralogique de notre parentèse parabolique. Pareille au parachronisme paradoxal d'une parallélité de paresse, réceptionnellement pardonnable suivànt la paraphrase parasitaire, elle est parfaitement située sur une parabase de tonnerre, solide et paradisiologique.

Essayons maintenant d'arriver à l'alternative interne d'une adversité réversible de la diamétrie inverse entre le récipient de la parasymphonie de rechange marmythique et le reçu de son récipié récidiviste. Il serait ainsi possible, conformément au variétablissement dispariétal, d'engendrer tout leur contenu empiré et contenanciel au moyen d'une compartition disparate fondée sur l'algorythme saccadélique de la marmythe parabouillante. La comparaison parégorique entre deux marmythes, dont l'une de la tribu 14 A traite de l'origine de la carpe muette, nous démontre l'opération mythomatique d'une disjonction entre l'homme et la langue paragorique:

Mm 4
A l'origine vivaient deux frères jumeaux qui se ressemblaient trait pour trait. Mais l'un des deux n'avait jamais émis ni un son ni un mot. Le père s'était ruiné à payer les médecins les plus habiles afin de lui donner la parole car il savait qu'alors seulement son fils pourrait penser. Mais nul remède ni traitement n'avait pu guérir de son mutisme absolu le malheureux enfant. Ses parents étaient au bord du désespoir.

Un jour la mère rentre à la maison après avoir appris qu'il existe une source sacrée à côté d'un rocher dans un pays éloigné. Cette source guérit toutes les maladies. Elle supplie le père de lui donner les moyens d'entreprendre le coûteux voyage avec l'enfant muet.

Comme c'est l'ultime espoir, le père accepte. Il vend tous les meubles de la maison, et jusqu'aux ustensiles de cuisine, et la mère peut ainsi emmener son fils à la source.

Après un long voyage, elle arrive devant le bassin qui retient l'eau froide de la source. Le coeur battant, elle y jette son fils, qui est aussitôt pris de fureur et se débat comme un diable dans un bénitier.

Remonté à la surface, l'enfant se met à hurler à l'adresse de sa mère: « Sale putain de garce, qu'est-ce que tu m'as fait, ignoble salope? Sors-moi de là, infecte ordure et plus vite que ça! »

Au comble de la joie, la mère retire son enfant du bassin et l'embrasse avec transports, éblouie du miracle qui lui fait entendre le splendide flot d'injures répugnantes dont son fils l'abreuve. Pleine de gratitude, elle revient au pays et à peine voit-elle la maison qu'elle crie: « Miracle! Miracle! Mon fils parle! »

Le père accouru à sa rencontre lui demande:

- Que t'a-t-il dit?
- Peu importe, répond la mère, puisqu'il parle.
- Sinistre idiote, dit le père, je sais bien qu'il parle puisque tu t'es trompée de gosse!

Il n'en organise pas moins un grand festin pour fêter le retour de son imbécile de femme et de son fils parleur, et surtout pour consoler, en le gavant de nourriture, son fils muet dont la langue ne peut servir qu'à lécher les plats. A ce festin, il invite la tante des deux gosses.

On entame en silence une magnifique langue de boeuf écarlate, accompagnée de cornichons, quand on entend distinctement ces mùts:

- Con, maman!

Chacun se demande d'où sort cette parole grossièrement affectueuse. On ne tarde pas à s'apercevoir que c'est le gosse muet qui l'a émise.

Nouveau miracle? La crétine épouse commence à se trémousser d'aise, mais la tante, ancienne femme de ménage au Couvent dès Oiseaux, proteste:

- En voilà une façon de parler!

Alors la mère - qui ne veut pas être accusée d'avoir mal élevé ses enfants, gifle vigoureusement le muet, en criant:

- Où as-tu appris ça, vaurien?

Comme c'est la première claque reçue de toute sa vie, le muet ne pleure pas. Bien au contraire, il est pris d'une intense hilarité.

- Où il a appris ça? dit la tante. Il pourrait en raconter sur vos moeurs intimes. On ne se méfie jamais des bébés.

Le père, plein comme une outre, met les pieds dans le plat et se précipite sur la tante pour lui arracher sa langue de vipère. Le fils parleur mord au mollet le muet qui hurle comme un sourd. La vaisselle s'écroule avec toute la famille. Alors le fils muet dit, avant de se renfermer dans son silence opiniâtre:

- Con, tante?

Atterrée, la mère refuse désormais de prononcer la moindre parole. Elle se transforme en carpe et s'envole dans les airs pour se percher sur un arbre au som'met d'une montagne inaccessible. Et voilà pourquoi les carpes sont muettes.

Cette marmythe sur l'origine des carpes volantes mérite à plusieurs titres de retenir notre attention.

Elle est d'abord étroitement apparentée à une autre marmythe de la tribu M que nous allons citer et qui traite de l'origine de la recherche des langues perdues.

Mm 5
Le héros de la tribu M s'apprête à partir en croisade pour dénicher des langues étrangères. Pendant son absence sa femme sera tabou. Elle doit être protégée par une ceinture de chasteté. Le héros va chez le forgeron et commande une ceinture en fer. Quand, quelques jours plus tard, le dénicheur vient pour prendre livraison de l'appareil, il le refuse parce qu'en son milieu a été ménagé un trou sexomorphe assez grand pour satisfaire toutes les exigences raisonnables. Le forgeron tend alors une carotte au héros et l'invite à introduire cette carotte dans le trou, ce que fait le héros, et aussitôt la carotte tombe, coupée en deux par le mécanisme. Enthousiaste, le héros emporte l'appareil et l'ajuste à sa femme avant de partir.

De longues annëes après, le héros revient en son castel; il réunit tous les chevaliers, pages et domestiques de sa cour de sexe masculin et les prie d'enlever leur pantalon. Il procède à l'examen des parties nobles et constate que tous les hommes restés au château durant son absence ont le pénis sectionné, sauf un, son vieil ami Lancelot.

Il embrasse l'ami avec effusion et le glorifie en ces termes: « Mon cher ami Lancelot, tu es toujours mon serviteur fidèle et incorruptible. Quel bonheur! »

Emu et quasiment foudroyé en entendant cet éloge, Lancelot est incapable de prononcer la moindre parole intelligible, on entend seulement sortir de sa bouche des borborygmes joyeux. Et ce triste état persistera. Lancelot a perdu sa langue pour toujours et c'est en vain qu'il la recherchera tout le reste de ses jours.

L'intérêt particulier de ce mythe est qu'il se fonde sur l'antagonisme entre le fer et la carotte; donc entre le minéral et le végétal.

C'est un fait admis par la tribu 14 A qu' « à mesure que les moeurs d'un peuple deviennent chastes, sa langue se corrompt »; ainsi la boucle ceinturée se referme sur la langue corrompue.

Fugue aux figues à la gomme chromosommaire

Un point important reste pourtant à élucider. Posons que le sens est purement verbal et logique puisqu'il est de signification vocale. De ce fait nous sommes contraints par articollision d'identifier le sens avec la voix latérale et bilatérale.

Si la notion de voix est préférable à celle de sens, c'est qu'elle permet d'établir la notion de supériorité et d'infériorité hiérarchitecturale à haute voix et voix basse, ce qui n'a pas de sens, de même qu'il n'y a pas de hauteur sans bassesse, comme le signifie le fléchémantisme suivant:

Il est donc clair qu'il sera préférable de remplacer le sens par la voix dans la table sym-et-diabolique:

C'est l'éminent vidéologue Thomas v. Lehrstuhl qui, encore une fois, nous met dans la nécessité évidamentale de voir avec la voix linguophonique, si nous voulons voir assez clair pour rester sur la bonne voix du bon temps, en reconnaissant la vidité visuelle que nous avons déjà distinctement confusionalisée dans les pages suivantes. Avec une sensualité voisive, largement étroite, il nous envoix sur la voix des faits salutaires et sensés, sans visions ni divisions ou autres devoirs vides. 11 nous envoix à la sécheresse de la voix de terre, à l'humidité de la voix de mère, à la voix fumante de l'air et nous indique la luminosité de la voix lactée du ciel solaire pour, de nouveau, retourner sa voix au sol mineur, en transfusion avec la vicieusité visorielle des voyoux voyageurs.

Avant de reprendre notre voix de fer et de bois, il serait peut-être utile de retourner sur la voix fumante de la codifigue olfactimide pour préciser que son arôme nous envoix à Rome, ce qui n'est pas étonnant puisque la culture est née à Rome et que la voix fumante, étant culturelle (comme toutes les voix, du reste) nous y amène. Donc l'illustre Code Romain est le Code Olfactif par excellence.

Notre recherche scientifique d'une voix moyenne entre l'exercice de la pensée archilogique et la perception dia-culinaire devait tout naturellement et culturellement s'inspirer de l'exemple de la musique qui a, depuis toujours, emprunté cette voix. L'impressionnant effet déglutico-auditif de l'avalage d'une entrecôte sonorisée en témoigne amplement.

Il est aisé de comprendre que la cote astronomique de la peinture est, sous cet aspect, complètement décotée. Il manque aux èouleurs toute l'auditorité relevée au niveau culturel. Les oppositions de couleurs sont purement naturelles, ce qui n'est pas le cas dans la musique où ne se montre aucun contraste naturel des tons. Ainsi les différences entre les couleurs à tendances peinturoïdes relèvent d'un mode de la matière, tandis que la tonalité musiculinaire d'une langue dépend d'une mode de la société, ce qui est attesté même chez les oiseaux, les chattes et les moustiques.

La bonne c.ouleur est naturelle et le bon ton est culturel. La langue colorée: verte, écarlate, etc., est naturelle quand elle est peinte au pinceau, et si l'on préfère l'entrecôte bleue à l'entrecôte à point, cela n'a rien à voir avec la Côte d'Azur, ce que met en lumière le mythe de la tribu M sur l'origine du rousseau langoustine:

Mm 6
Le chef de la tribu a invité des amis à un grand dîner. Il a décidé de leur servir un homard. Mais la jolie servante chargée de la cuisine n'a jamais cuit de homard. Elle demande au chef comment elle doit p'y prendre.

« C'est très simple, répond le chef. Tu mets le homard dans l'eau bouillante et tu l'y laisses 35 minutes. Et alors, de deux choses l'une: ou bien le homard reste bleu, tel qu'il est maintenant, et tu es une femme fidèle; ou bien il devient rouge et tu as trompé ton mari. »

Au dîner, en attendant le homard, on fait un sort à de somptueux horsd'oeuvre. Ceux-ci terminés, le chef ne voit pas arriver son homard. Il s'impatiente et hurle d'un ton violent et courtois: « Qu'on nous serve le homard! » Alors la petite bonne arrive et apporte une bête magnifique d'un rouge aussi écarlate que sa figure.

Elle dépose rageusement le plat sur la table et, regardant le crustacé avec un profond mépris, elle lui jette: « Sale bête, pour une toute petite fois! »

C'est depuis ce temps-là que tous les homards deviennent rouges quand on les met dans l'eau bouillante.

Il est évidenciel que la bonne était un peu trop bleue pour comprendre qu'elle aurait pu fournir un hômard 'd'un bleu naturel grâce à un petit coup de pinceau; Ce qui nous édifie sur la nature des couleurs aussi bien que sur la nature des femmes.

La démonstratification peut être poussée encore plus loin. Entendue comme nous l'avons entendue, la marmythologie culinomorphe de la cuisine des langues est celle qui manifeste le plus grand nombre de traits communs avec la marmythologie de la musique gastrophonique.

Les phonatiques de la peinture auditive protesteront sans doute à haute et large voie contre la place privilégumène que nous accordons aux museaugemques, ou à tout le moins revendiqueront-ils la même faveur au profit des arts graphoraux et plastifiés.

Nous répondrons qu'on ne trouve à table ni vérité paritable ni parité véritable entre la musique sphérique et la peinture aquatique ou huiléuse.

La peinture existe seulement parce qu'il y a déjà des objets comme la langue - et quelques autres choses à colorier.

Rien donc, ne permet d'identifier la couleur d'une langue avec la langue comme forme élémentaire ou rudementaire. Il s'agit en fait de simples créatures de capriciographie, grâce auxquelles on se livre à une parodie combinatoire ridiculinaire avec des entités phantasmorphiques absensées.

Plusieurs marmythes congestionnées communes aux tribus M et 14 A élèvent une contestation convenablement confortée par l'aérolinguistique du tripubu royal et la conclusion, conforme aux conventions connotées, qui suinte de cet ensemble, confirme que la peinture des couleurs est soumise aux rapports supérieurs de la contrastionomie crue et cuite suivant l'ordre d'isomorphie du bon et du mauvais.

Nous devons à Jean-Jacques Rousseau une découverte d'importance, savoir que la couleur se dit en grec chrome (Dictionnaire de Musique, art. « Chromatique »). Nous possédons ainsi la preuve péremptoire de l'infériorité de la couleur par rapport au ton dans la hiérarchie intervalable.

Avec cette dernière information, le cercle se referme. Si on compare les chaînes syntagmatiques, on constate que les échelles intervalables diachromatiques sont minuscules en face des échelles d'une intervalabilité tonatique. Il en résulte que l'équation entre musique et peinture est pure anachromisation puisque le ton chromatisé n'est rien que du vent qui souffle son air poumonopolisé et culture.

On sait déjà que la couleur de chrome est d'ordre chimico-idéologique et qu'une diachrome est petite tandis que le diathon est un grand poisson. Ainsi s'explique la grandeur diathonique de la musique chromatisée comparée à l'art monochrome qui est plutôt petit (allemand : Klein) et chromignon.

Il est à peine besoin de souligner que, dans le sillage du chromosophe G. Chromwell (qui a chromatiquement énoncé le problème du chromique primitif dans un mémoire récent), nous prenons le terme de diachromisme dans son intervalutation très générale d'emploi de petits intervalles chromosoniques et musiculinaires, intervalutation qui recouvre le sens grec et le sens modéré de la chromosophie générale et chromosommaire.

Récemment on a tenté de faire du bruit au sujet de la lumière sonore de la cinécité parlante, en prétendant brùyante la lumière et toniques les couleurs. C'est une erreur à rejeter car - n'étant pas un mythe - elle nuirait à l'obscurifricassité journalière de la bollition marmythique.

Dans son traité auditorial sur la Diastructure tonique du Beau Danube Bleu, le chancellairier bavardois Joseph Strauss démontre comment la science linguistique doit, en toute logique, reconnaître l'antagonisme entre l'insigne et le dé-signe.

Pour rendre sensible ce contraste, il convient de préciser que l'acte de priver la sémantique de ses signes s'appelle « dé-signer » et l'acte d'inculquer des significations se nomme l' « ensignement » (*) (ou encore l' « insignement »). Ainsi l'insignification est structive et la désignification est destructive. L'instruction est significative, alors que la peinture - qui est destruction - est désignificative.

Il nous faut revenir ici sur un détail qui a son importance. Il n'y a pas de peinture sans « dé-signe » sauf dans un cas particulier, celui de la peinture en bâtiment qui est « indésigne » et musicale, formant la batterie pour battements de choeur de l'orchestration culisonique. La peinture battante fait corps avec l'architecturologie et justement son caractère « indésigne » confirme la règle des signes, confirmation par négation d'une négation. Etant l'inverse de l'inverse du signe, elle redevient ellemême signifiante, par la voie scientifique. Ainsi la peinture en bâtiment nous fournit la clé de l'archivolture de base de l'archilogie linguistique.

(*) On a étendu à d'autres matières la formule originelle « ensigner une langue », « ensignement d'une langue ». Ainsi on dit aujourd'hui, par extension « ensigner la gymnastique » (ou la philosophie, ou l'œnologie, etc.).

Par la voie d'illuminations photophoniques, nous présentons un petit menu, distribué par-ci par-là dans le présent texte, à seule fin de confirmer cette vision orale de bouche à oreille qui permet d'arracher l'oeil à l'extelligence phonomorphe.

Il ne faut donc pas s'étonner de voir cette version attestée par un mythe inverse sur l'origine du gueuleton, provenant de la tribu 14 A et qu'il est opportun d'introduire dès maintenant dans notre exposé:

Mm 7
Une fois une gueule émettait un ton. Ainsi fut créé le gueuleton. Ainsi soit-il parce que c'est.

Même dans son état actuel, fort rudimentaire, cet ancien mythe déborde de significations.

Amusegueule de bois

« Faire la cuisine, c'est bien entendre l'appel du bois pourri. » Cette vérité souple et détendue est illustrée d'une façon cruellérrientaire par la marmythe de la langue à la gueule de bois, accompagnement obligé d'une cuite.

Pour remettre leur langue pourrie en pleine forme, les indigènes de la tribu 14 A procèdent à une cérémonie traduissionnelle hostile à la langue:

Recettation R 1

En premier lieu, on trempe sa langue dans l'eau froide pendant une journée. Ensuite on la brosse vigoureusement avec une brosse à chiendent.

Puis on fait tremper sa langue dans l'eau bouillante pendant vingt minutes et on la passe, aussitôt après, à l'eau froide.

Enfin, on enlève aisément la peau rugueuse et gênante, y compris le cornet, et la langue est de nouveau à vif.

Il est naturel de faire du bruit, mais il est cultivé de n'en point faire (*). D'un point de vue auditurne, il est de bon ton de faire de la musique sans bruit. L'antagonisme entre bruit et ton constitue ainsi la musique, suivant la corrélation oppositionnelle entre gueule et ton. Cette extrapolarisation à signification gueuletonique met en opposition mythique les deux tribus, selon l'orientation endogueuloise de la tribu M qui considère comme de bon ton d'engueuler, contrairement à l'orientation extragueuloise de 14 A qui considère comme de bon ton de dégueuler.

Cette infrapolarisation est due à l'accord réciproque sur la ternité incolore du bon ton, le terne étant interne dans le groupe M et externe dans le groupe 14 A.

Tout se tient donc dans un bon équilibre symétrique isomorphe.

L'origine de l'animosité entre langues et couleurs est explicitée dans la marmythe qui développe ce thème chez les indigènes M:

Mm 8
Après que toutes les flores et toutes les. faunes eurent été extraites des entrailles de la terre, la langue et les couleurs cheminaient de concert. A l'origine le Caméléon, doué de la langue la plus longue qui à chaque coup fait mouche, possédait aussi l'aptitude à prendre toutes les couleurs.

Un jour, cette unité heureuse est brusquement rompue par un chasseur écossais. Il parvient à saisir le Caméléon et, fier de sa proie, il la pose sur son kilt multicolore. C'est trop pour le Caméléon qui éclate en mille morceaux. Cet éclatement fait éclater de rire l'Ecossais, ce qui offense le Caméléon en mille morceaux qui ne voit rien de risible dans sa situation. Alors le Caméléon se mue en un drôle d'oiseau et s'envole, fâché contre les couleurs, avant que l'Ecossais ait compris quoi que ce soit. L'Ecossais sort un flacon de whisky de sa poche culière et, dégoûté par sa malchance, il se remonte le moral en dégustant un bon coup. Puis il remet le flacon à sa place car il se fait tard et il lui faut parcourir encore un long chemin à travers les montagnes. Il reprend la route et soudain ses pieds glissent dans la nuit noire et il se retrouve au pied d'une falaise après avoir effectué toute la descente sur le cul. Il met la main à son cul douloureux et la retire toute mouillée, la regarde et comme il ne voit rien dans l'obscurité épaisse, songeant à sa bouteille de whisky, il élève cette prière: « Dieu faites que ce soit du sang! »

Il est difficile de décider si le motif central est ici la rupture de l'harmonie entre la langue et les couleurs ou entre l'éclat et le rire. Le microjupologue Mac Croop, de l'Université d'Edinbourg, qui a voué sa science à l'examen de ce problème, attire l'attention sur un mythe de la tribu Voyou gîtant dans les montagnes SainteGeneviève. Dans son livre: Pictographic view upon the clan - destinity of kilt in the Eyrish part of Scotland, London, 1969, il raconte la marmythe Voyou sur l'origine de la fracturation sérielle:

Mm 9
Deux frères se promènent dans la forêt avec leur mère ; ils admirent le paysage et récitent des poèmes bucoliques. Ils arrivent tous trois au bord d'un précipice. La mère commence à exprimer son enthousiasme pour le panorama en termes fort lyriques. Alors, l'un de ses fils lui donne un puissant coup d'épaule dans le dos et la mère tombe dans le gouffre en hurlant sur un ton très aigu qui se perd dans les lointains et la chute s'achève sur un bruit sec. Le second fils se tourne indigné, vers son frère et lui dit : « Ne me fais pas rire, j'ai les lèvres gercées. »

Même si l'éclat des lèvres n'est pas ici expressément mentionné, il est indubitable que le rire est défendu parce qu'il fait éclater les lèvres. Le rapport étroit entre éclat et rire est de la sorte bien établi ainsi que sa liaison avec la corrélation entre l'aigu du ton et la sécheresse du bruit. Ainsi le rire est éclat, cause d'éclat, ou encore l'éclat lui-même apparaît comme une variante combinatoire comicomorphe du rire fracturationnel opposant le sérieux au sériel.

Les sauvages de la tribu 14 A prétendent que les savants ne sont vraiment pas drôles quand on les prend au sérieux.

Voici la vérité scientifique dans son identité avec le sérieux. Comme la problémotologie scientifique postule de ne pas rire, le développement scientifique se voit entouré d'un succès des plus sérieux après ses victoires sérielles, et ainsi s'illumine une marmythe de la tribu 14 A sur l'origine du rapport entre le parapluie et le coup sûr de l'insémination culturelle:

Mm 10
Un héros scientifique très estimé se marie à l'âge de 75 ans avec une jeune femme exhibituellement sexomorphe. L'année d'après, il devient père. Ses anciens élèves viennent lui rendre hommage pour sa virilité créative. Ils 'ui demandent comment il a pu se mainten ir en pareille vigueur, et il répond: « Ce n'est pas difficile. Je profite seulement de mes expériences de l'époque où j'allais à la chasse aux grands fauves en Afrique. La méthode est exactement celle que j'employai le jour où j'abattis d'un coup de parapluie un lion qui voulait m'attaquer.

- Comment cela s'est-il passé? interrogent les élèves pleins d'admiration.

- Eh bien, j'ai pointé mon parapluie avec précision sur le front du lion et d'une voix forte j'ai crié « Boum! », et le lion est tombé à mes pieds avec une balle dans la tête.

- Mais il n'y a pas de balles dans un parapluie, s'étonnent les élèves.

- Non, évidemment, répond le savant, mais il se trouve qu'à chaque fois que je vais à la chasse il y a toujours un jeune homme derrière moi avec un fusil.

C'est depuis ce temps que les savants portent toujours des parapluies quand ils vont à la chasse.

Cette marmythe appelle deux ordres de considérations. D'abord, et comme nous l'avons indiqué ci-dessus, la rigolométrie codasionnelle du parapluie noùs place dans le domaine hydrologique, cependant que le rire n'est nullement mentionné d'une façon explicite dans la comicologie du mythe précédentaire. Ensuite, le coup de feu par le canon s'identifie au fèu de la cuisine, ce qui nous offre une garantie supplémentaire qu'en nous attardant sur le thème du parapluie qu'on retrouvera plus loin dans la marmythe 21 nous ne nous éloignons pas de la cuisine.

Cantate quantique au plat réchauffé

Nulle part l'identité linguistique de la musique et de la cuisson n'est aussi manifeste que dans la chanson de la cuisine indolinguistique. Quittons donc pour un instant la cuisson exolinguistifiée et penchons-nous, pendant ce même instant, sur l'origine musiculinaire de la cuisson prélinguistique de l'indolangue attachée à l'être et qui doit être cuisinée pour le faire chanter.

La gastronomie chantifique de la cuisson indolinguistique est d'une grande recettation, mais on peut arriver au même but interrogastrique par différentes voix conatives. Cette gastrophonie a pourtant un dénominateur commun, puisque le chant diffère de la langue parlée en ceci qu'il exige la participation du corps tout entier, ce qui l'empêche d'être détaché du corps pend~nt la cuisson chantistique, raison pour laquelle l'indication « indolangue » est significasse.

La cruauté de cette cuisination est patente. Qu'elle s'exerce par pilonage sec et froid du genre steak tartare, ou par pincement sec, grillade sèche, rôtisation ou bouillon humide et chaud, ou par noyade froide et humide, ou par n'importe lequel des moyens d'une riche variabilisation qu'offre la cuisine à la chanson, il n'est pas douteux que nous restons toujours dans le domaine des cruautés. Il est en outre indispensable d'apporter son grain de sel à toutes ces recettations de bon ton aigu et pénétraditionnel.

La hiérarchisation de la cuisson indolinguistique s'échelonne normalement par degrés quantiques, qui vont du premier au troisième degré, soit du bleu au saignant puis au poing, sous cètte réserve qu'au poing on attrape souvent des bleus. Si on dépasse le troisième degré, la brûlure risque de se carboniser en désacoustication incantabilistique. Si on dépasse le quatrième degré pour atteindre le cinquième, une inflammation générale apparait. Cette gradification numérologique appartient évidemment à une symbolorification d'une algébracité logico-mathématique qu'on aurait tort de prendre trop au sérieux puisque la sonhorribilité superchromatique est saturée d'une torturapidité efficace de la fracturupture réceptionnelle.

Comme le but de la cuisson indolinguistique n'est atteint que si le chanteur crache le morceau, le rapport de cause à effet est ici remplacé par le rapport du chant au crachat qui découle du fait que la cuisson indolinguistique s'accompagne de certaines réactions émotivationnelles entre le metteur prévu et l'émetteur imprévu, caractéristiques du chant prélinguistique.

Recettation du coup de seringue (R 2)

Sur le plan de la cuisination chiantifique, un bon coup de seringue peut avoir un effet boeuf. On la nomme la « cantate aux seringues », très appréciée du point de vue alimental et morphinologique pour la table d'écoute.

Recettation pédalogique du miel au tabac (R 3)

Comme la participation du corps entier est implicitée dans le chantage cuisinologique, on s'assure d'abord que le plat du pied se met à table, soit par traitement risibiliaire et doux à la gaité, suivant la méthode lèchepiédaire du miel au plat de pied, soit par traitement tristiculaire à la mélancolération, suivant la méthode tabacielle de la brûlure de cigarette. La première méthode exige la collaboration d'un lèche-pied friand du miel au champignon de pied, donc ou un lion ou un chien. Comme le chien est le plus courant, on nomme aussi cette méthode la méthode du « chant cynique », cependant que le passage à tabac se fait « à la gauloise », « à la gitane » ou « à la celtique », si on ne le puritanise pas au stade du tabac virginiaire. Le danger de l'utilisation des lèche-pieds n'est pas négligeable; on risque, s'ils y prennent goût, de se faire bouffer la jambe tout entière, ce qui arrive assez fréquemment. C'est pourquoi il est recommandé de la remplacer par une jambe de bois.

Recettation du plat au pied grillé (R 4)

L'avantage du plat au pied grillé, qui en fait le mets préféré du genre, c'est que le chant s'accompagne ici de la danse, ce qui provoque une augmentation de l'esthétificassité affective. Comme il ne sait pas sur quel pied danser, le chanteur, mis sur pied au gril, exécute une danse de plus en plus frivole et enragée au fur et à mesure que le gril chauffe, agrémentant ses postures d'une chantacion délicieusement fougueuse et passionnée.

Recettation du plat au pied bouilli (R 5)

Si le pied grillé est regardé comme un plat plein de noblesse, le pied bouilli est au contraire tenu pour un plat aristocratique. Une synthèse remarquable et assez particulinaire de la grillade bouillie, empreinte d'une noble aristocratie, s'opère dans le pied au plat bourguignon. Ici on ajoute normalement des carottes et des pommes de terre à la sauce de champignons à la grecque.

Recettation de la patte au four (R 6)

Cette fameuse recettation de patte graissée, à la sauce crématoire, récemment invitée par le grand patologue musiculinaire Schnulze van Schmalzhaxe, est d'une délicatesse exéquittaire extermément chantille.

Normalement, elle se fait à quatre pattes, soit deux langues à bras et deux à pied par personne. On commence par mettre la patte à la pâte en prenant garde qu'il en demeure quelque chose aux doigts, ce qui suppose un certain doigté. Ensuite on met le doigt (de préférence le pouce) dans la bouche, à la recherche de la languette au pied levé. Une fois qu'on a pris pied, on met un pied devant l'autre, pour refaire quelques pas: ainsi le repas est fait.

Une bonne pâte de femme enrichit ce pâturage patriarcal, mais si on met le pied dans le plat sans disposer d'une partie pareille, on peut mettre la main au feu, au pied d'une marmythe d'homme sage, tant il est vrai que c'est au pied du savoir qu'on mesure les hommes. Ainsi on aura un pédane à deux syllabes de spaghetti chiatique, à une tagliatelle que n'importe quel gourmet en sera enchanté.

Recettation du rôti de voix grasse au citron (R 7)

La signification chiarïtifique de la rôtification aux voix grasses et au sein doux (all.: brat-schmalstimme), qui va de la tête au pied, est considérée comme le chant du signe harponné; elle est agréée par l'accompagnement d'une harpe au sucre de Salzburg.

Elle peut être grillée, ou rôtie au four; d'après deux recettations en harphonie musiculinaire. Le chantre chantourné devient avec le chauffage charnel une charmante charcuterie sémentielle en arrosant le citron avec du jus Qe patate au pied de nez.

Recettation de la cuisson à bouche cousue (R 8)

La cuisson gastrocantique exige une recettation en opposituation inconfortable: la cuisson à bouche cousue et amorphonique, selon que le sujet a l'eau à la bouche ou la bouche sèche. Une certaine linguophobie est ici contrenoncée par la méthodocricité à fermeture éclair qui clôt d'un coup de foudre le mutisme mutinutile. Il s'agit foncièrement de l'hérologie du plat résistanciel de la cuisine à l'étouffée, en contrastruction avec le don de la langue et la prise de parole. Contrairement à la langue externutatoire, la langue internatatoire témoigne d'une délicatesse confiturielle et courcoise comparable à la rectitude chevaleresque de la langue hippophalUque qui se donne vigoureusement au chat.

Nous n'entreprenons pas une clichématisation complète des innombrables recettations glossocantiques dont nous n'avons donné qu'une exemplification très succinte. Ce qui nous intéresse surtout en elles, c'est qu'elles sont en quelque sorte la clé en main, détachée de la cuisinologie musiculinaire, qui nous mène à la source même de l'originalité structive des marmythes originalistiques, laquelle trace la culturation coulée par ses empreintes bienfaisandées sur l'osmose linguistique.

Dans son livre L'origine de l'origine le philosoplologue groënlandais Abraham Isaac Jacobson, tirant les conclusions de ses expériences en milieu missionairiel, nous démontre que l'original est initial, comme la désorigine est dénichiale, ce qui explique que la dénichisiation est précédée de l'initiation. Il confirme sa thèse par une marmythe de l'origine du pied dans le plat, en faveur dans une tribu thulée de son pays:

Mm 11
Les femmes de la tribu thulée étaient depuis longtemps genees par des troupeaux d'éléphants qui, durant les saisons chaudes, calmaient leurs ardeurs en se promenant dans les frigos de leurs cuisines. Les femmes n'arrivaient pourtant jamais à les dénicher ni à découvrir comment ils s'inichaient dans les frigos. C'est pourquoi elle décidèrent de s'adresser à un héros dénicheur et lui dirent:

« Puisque tu sais dénicher les langues, tu devrais être capable aussi de dénicher un troupeau d'éléphants dans un frigidaire, et nous initier dans l'art de savoir s'ils y sont passés ou non car nous n'avons pas envie de les rencontrer. »

Le héros se met à la trace des éléphants et, après quelques jours d'exploration dans les frigos, il retourne auprès des femmes et leur explique:

« Si vous trouvez des empreintes de pieds d'éléphants dans le beurre, vous pouvez être sûres qu'ils sont passés par là, c'est sémantique, sinon vous serez toujours exposées au doute. »

C'est l'origine du pied dans le plat et la raison pour laquelle on met le beurre dans un plat afin de dénicher le pied au beurre.

On se trouve ici devant une marmythe voyageuse, dont l'exacte similaire fleurit dans la tribu Giou-Giou du 14 A, à ceci près qu'au lieu des éléphants on y parle d'un troupeau de phoques; qu'ils se promènent, non dans les frigidaires, mais dans les lits; que ce n'est pas de beurre qu'il s'agit, mais de polochons; et qu'à la place des empreintes de pieds il y a des poils de phoques, ce qui signifie que le pied beurré est à poil.

C'est pourquoi les femmes de 14 A refusent de se faire peindre à l'huile, sous prétexte que, dans leur tribu, on fait tout au beurre.

Toccata au foie gras en caisse

Plaçons-nous maintenant dans une autre perspective, en posant la question de l’apport supplémentaire de la chromotification au sémantisme diapositif entre le cru et la cuite. Ici les exformations importantes peuvent être extraites de la marmythe M 6 sur l’origine du rousseau langoustine où la fonction sémantique est démoralistique, diamétropolisée entre la bonne et le mâle, donc entre le féminin et le masculin, en tant que contrastruction éthicologique qui, en dépit de sa simplicité apparente, exploite un nombre considérable de croyances de bonne foie autant que de mauvaise dont le structisme affrontai mérite une sérialisation sérieuse que nous allons étudier.

Dans la tribu M une bonne cuite correspond à un mauvais cru. Le bon cru, en 14 A, provoque inversement une mauvaise cuite. La sémantique coloriée, qui reflète cette juxtaposition, nous réserve une double surprise. La bonne cuite due au mauvais cru rend noirs les membres de la tribu M, cependant que les membres de la tribu 14 A sont grisés par la mauvaise cuite du bon cru, au point de devenir complètement ronds quand les membres de la tribu M sont carrément noirs.

Ces résultats présentent d’abord un intérêt théorique. La juxtaposition du carré noir au gris rond correspond au contraste classique en géométrie, dérivé inévitable d’une tournure décorative créée par la culture du carré du cercle.

Si, dans la tribu M, le noir est attribué à la cuite carrée, on associe, dans la tribu 14 A, le pied au noir et le rouge aux lèvres, donc à l’éclat (voir M 9). L’antagonisme entre les pieds noirs et le rouge à lèvres est traité avec une profonde compréhension par l’ingénieur Stendhal dans son œuvre Le Rouge et le Noir. Il faut ici dénoncer une fois de plus la théorie fourbologique du sociologue italien Vitello Macchiato déjà expulcifiée au sujet de sa réconciloiphilie bruitonique, car il renouvelle sa tentative en essayant de lier le pied noir de la tribu 14 A à la cuite M, sous prétexte que la cuite va dans les pieds, comme le fourbu qui a bu devient boiteux, ce qui exige une jambe de bois. Au regard de l’unijambistologie marmythique, une telle soulogie ne tient pas sur ses jambes. On peut boiter d’une jambe, mais non boire avec une jambe de bois, solution vraiment trop facile offerte aux millepattes. Nous croyons donner l’interprétation juste du problème de la langue au pied dans le chapitre suivant qui traite des méchansons alarmoyantes du pied dans le plat. Quoi qu’il en soit, nous avons clairement réfuté la thèse des Docteurs Mireille et Jean Nohain, résumée dans la formule numérotechnique : « C’est un jardinier qui boite et qui boit. »

Mais il y a mieux. La présence de la langue blanche, signe marmythriolectique de la mauvaise foie, établit un triangle culisonique.
Une marmythe M sur l’origine de la mauvaise foie vient éclaircir cette problématique:

Mm 12

Un dénicheur de cuites rentre chez sa mère. Elle s’aperçoit qu’il est de mauvaise foie puisqu’il a la langue toute blanche. Elle peint sa langue avec du charbon pulvérisé et pilulomorphe trouvé dans la pharmacie. Ainsi la langue blanche devient une langue noire.

Une autre foi apparaît à la place de la mauvaise foie et exige qu’il se mette au vert. Elle s’oppose, de façon très crue, à toutes les cuites, établissant de la sorte l’antagonisme entre le zoologue et le végétarien. Tout cela est exécuté de bonne foi. arrachée au chasseur de cuites qui encaisse bien la foi cuisinée d’une manière délicieuse sejon la fameuse recette du foie gras à la bigourdane, truquée à la Montrouge:

RECETTATION R.7

Mettre sur chaque caisse et clouter une escalope de foie gras sautée au beurre dynamythologique; alterner avec des croûtons ronds macérés dans un peu de cognac autour d’un tampon rond; disposer les bigarreaux de foie gras en pyramide; cuire sur le gril à feu doux dans un plat bien froid en trempant les moules dans de l’eau tiède garnie de macaroni en dés; si le doigt le pénètre facilement, on peut en déduire et en cocotte que c’est le joyau de la cuisine française en chausson.

Une langue nichée est naturelle; une vraie langue est culturelle : donc la langue doit être dénichée. Et le but culturel, c’est précisément la culbuture culinaire de la langue à dénicher, ce qui peut se faire à pied, à cheval, en voiture, en bateau, avec divers instruments ainsi qu’à main nue.

C’est au stade du passage du prélinguistique au linguistique que s’introduit l’opérateur de cette culturation opérative : le linguiste op dénicheur de langues en tant que recommandateur recommandé d’une recherche répettative et réciproquée.

La dénichiative de cette opération se conduit en partie suivant la codificacité chevaleresque, devenue quantique avec la rapidition de l’âge industriel d’après le calcul chevauché où la citronomie des deux chevaux présage le chevalement chevauchant des cheveux chevélogiques à des chiffres astronomiques et vicieunaires ce qui rend le dénichissement des langues à cheval démodé. On reconnaîtra néanmoins qu’il eut son époque glorieuse.

Les marmythes dadalogiques des chevaux de bois soit à Troie soit sur d’autres champs de batailles légumineuses le confirment largement.

Il en va tout autrement avec la piétonalité pédalogique. La dénichion pédes-trielle rencontra un succès de durabilité pédiculaire grâce à la pédométrie scientifique qui se pédoncula avec une pégasite assez peignante. Ainsi le dénicheur à pied ferme est-il arrivé à retenir une piété pierreuse pour le piétisme piétinant du concept dénichtique de la langue. Quelque considération qu’on porte à la pédéristique nécessaire à la dénichification linguistique, on reste malgré tout dans le domaine de la main d’œuvre artistique et artisanitaire.

La phénoménologie dragonique de la cavalerie hussarienne manifeste une prédilection dialectique pour les langues dragonières. Avec le temps cette prédilection s’est draguée en dragonale drogmatique pour récupérer plus tard la langue humanistique déjà perdue en lectistermination festivalaire. En sorte que, créditulaire à la dénichification, la ritualistique se développe selon la formule sportuaire: « Notre puissance est notre force », laquelle distingue les tailleurs de langues, les coupeurs de langues, les piqueurs, les crocheteurs et les arracheurs de langues, ces derniers représentant la main d’œuvre directe et pure, alors que l’instrumentation des autres: piques, glaives, lances, crochets, couteaux, sabres, haches, les altère. On voit ici se répéter le développement contrastoriental du sportel et de l’industriel, sauf dans le cas particulinaire de l’aérolinguistique dont nous traiterons ailleurs la mythomanie.

L’ouverture de la gueulade rituelle est la momentation sacrale la plus faschinaire de l’arrachoir à main. Toutes les tribus s’accordent pour sonner le coup de l’ouverture à main, comme l’expliquent de multiples mythes, même si le second rituel est souvent fâcheux à cause de l’intrusion maniaque dans la gueule où elle risque fort de rester, ce qui se produit de temps en temps à la grande satisfaction du gueuleton. Le moment le plus solennellistique n’en reste pas moins la troisième étape marmythique au cours de laquelle on assiste à la mainmise extractionnelle sur la langue par la main, mille fois supérieure à l’accrochage ferré utilisé par l’industrie artisanitaire.

L’extraction bilatérale portant sur deux gueules à la fois apparaît dans plusieurs légendes comme une satisfacture sublimifiante dans le rapport dénichon et dénicheur avec le nichonnicheur, cependant que la collaboration de plusieurs personnes pour dénicher une même langue appartient au domaine infrasportif.

L’extrême exaltation dans la recherche linguistique peut faire sauter le fervent héros chasseur dans la gueule, comme il est relaté dans le mythe Mm 14. Il arrive même que toute une équipe de chercheurs s’installe sur le plat de la langue.

L’origine de cette expédition dénichiaire par équipe de glospéléologues, nous la voyons d’abord dans une marmythe sur l’origine de la langue-parapluie que, pour le lecteur peu familiarisé avec les subtilités de la grosse langue 14 A archaïque, nous donnons ici dans une version récente, salopieusement vulvairisée :

Mm 13

Les Alésiates, pressés d’en découdre, sont surpris par une grosse pluie. Pantagruel, pour les protéger, les fait se ranger et serrer, puis tirant sa langue à demi les en couvre comme une poule ses poussins.

Moi, raconte le héros nicheur de 14 A, je m’en vais auprès d’eux pour me mettre à l’abri, mais comme je n’y parviens pas, je monte au-dessus et je chemine ainsi deux lieues sur la langue de Pantagruel, si bien que j’entre dans sa bouche.

Que vois-je ? J’y chemine comme l’on fait à Sainte-Sophie-de-Constanti-nopostelle, j’y vois de grands rochers comme les monts danois — ce sont ses dents — et de grands prés, de grandes forêts, de fortes et grandes villes comme New York et Tokyo.

La première personne que je rencontre, c’est un bonhomme qui plante ses asperges. Il me dit les porter vendre dans la cité qui est derrière et qui a nom Aspharage.

Je prends le train pour Aspharage. Au wagons-restaurant, un voyageur en bicyclette chasse les pigeons. Je lui demande d’où viennent ces pigeons. — De l’autre monde, qu’il me dit, ce con. J’en déduis que lorsque Pantagruel bâille les pigeons entrent dans sa gorge à pleine volée, croyant que c’est la Banque Rothschild.

J’arrive à Aspharage. Les C.R.S. me demandent mon laisser-passer. — Y a-t-il la peste ? — Sale carne, me répondent-ils, on crève tellement par ici qu’on a réquisitionné jusqu’aux trottinettes pour emporter les macchabés. — Chers Saigneurs, où donc se passe cette tragédie ? — Gueule de raie, me répondent-ils courtoisement, ça se passe en Laryngie et en Pharyngie, deux capitales comme Chicago et Sarcelles.

Je me renseigne et j’apprends que cette peste est causée par une puante et infecte exhalaison sortie depuis peu des abîmes. En huit jours, trois et 7.548.972 et cinq personnes en sont mortes.

Je découvre, en me comprimant le citron, que c’est une putride haleine venant de l’estomac de Pantagruel qui a mangé l’autre jour des tonnes de ragoût de tripes à l’ail. Je m’éloigne de ces lieux maudits, je passe entre les rochers qui sont les dents de Pantagruel, je monte sur la plus haute où soixante-dix mille langues de mouton pourries font une petite tache glaireuse, et de là j’admire le plus beau paysage du monde: le bidonville de Nanterre, les corons du Nord, l’usine à gaz de Gennevilliers, l’ossuaire de Douaumont et une infinité de complexes Maine-Montparnasse.

Après quatre mois dans ces lieux de délices, je descends par les dents d’arrière, j’arrive aux mâchoires et enfin je sors en me laissant glisser le long de la barbe.

— D’où viens-tu ? me demande Pantagruel.
— De votre gorge, monsieur. Il y a six mois que j’y suis. Je me nourrissais des plus friands morceaux qui passaient par votre gosier et dont je prenais ma part.
— Vraiment ? Mais où chiais-tu ?
— En votre gorge, monsieur.

Sur notre table de dissection languicionnaire, cette marmythe est machinalement cousue de fil blanc aux marmythes 10 et 21 qui exaltent, elles aussi, la vertutilité du parapluie. Rien là d’étonnant. A peu près abandonné par les nègres qui lui préfèrent l’impermaléable plastifourré à la sauce blanche, le parapluie retrouve un nouveau lustre aux Indes où il est signe de dignité. Il n’est pas rare, rapportent les voyageurs, de rencontrer, sur les grandes boulevards de Nouille-Délice, des vaches sacrées qui portent des parapluies en tirant la langue, soit à gauche en descence quand le parapluie est ouvert soit à droite en ascendance avec introduction dans le naseau dextre quand le parapluie est fermé, ou encore en pendenture de bavoir à bavure glossographique à chaque expulsification de leurs bouses spiritistes.

La plus impressionnante dénichiation dépasse pourtant le stade bilatéral par l’utilisation des bras, des jambes et des dents dans le but de dénicher cinq langues à la fois.

De loin, la dénichiation la plus sensationnée demeure Taction fulgurifiée de Thydrolinguistique dragonomique par la nouvellation métamorphologique ressentie dans la marmythe de Thomme-grenouille soumarin, à la langue crapuleuse. La déni-chiative hydroglossomorphe s’embarque ici dans des marmythes de haute mer à marée basse, d’une diaphorèse marentuelle diapassionnante, qui définissent le musi-culisme chantifique des langues de morue et leur cygnifichanson mortubérante par mortificassité morveuse et mosaïque dans la ligne du mot d’ordre motorisé en course vaguinaire de l’hydromercantilisme embarcationnaire.

Il est donc facile à comprendre qu’il n’y a pas de question hydrolinguistique qui ne soit résolue de façon hydrophonologique. Le graindorgue barbaritionnel de l’implantation cruellistique de la culturation naturationnelle en quittanciation diapé-désuelle de la langue mordue se fonde ainsi en contrastruction mordante avec le bec dans l’eau, tant il est vrai qu’on ne peut réaliser un rêve si on rêve la réalité.

Interlude au coup de rouge en timbale

La localisation situgraphique de la langue peut prêter à confusion. Le dénicheur de langue non averti peut se heurter à une grave difficulté pour découvrir sa proie. Nous allons dissiper cette difficulté.

Un certain nombre de preuves ont été rassemblées en faveur d’une connection, directement ou indirectement conçue dans l’esprit indigène, entre la langue et la gueule, ainsi qu’entre la gueule et la tête.

Cela postulé, nous pouvons espérer mettre un repas de plus devant l’autre en posant une nouvelle question museaugraphique: comment ces connections sont-elles conçues?

On remarquera immédiatement qu’il existe une infinie variété combinatoire tributaire dans la pensée indigène à ce sujet: la tête peut être attachée au bout de la langue, comme la langue peut être attachée au bout de la tête. La langue avec la tête au bout peut être en connection directe ou indirecte avec la gueule qui de son côté peut être appliquée à la tête. De même que la tête peut être sur la langue, de même elle peut être dans la gueule, et pareillement — nous l’avons vu — la gueule peut être dans la tête.

Ce n’est donc pas un hasard s’il y a des langues entêtées comme des gueules entêtées, et des têtes engueulées comme des langues engueulées.

En conséquence, on complétera les schémas des pages précédentes par l’introduction du crochet comme signe d’attachement unilatéral, et nous aurons les combinaisons suivantes:

(Nous avons volontairement réservé pour la fin le problème de la langue attachée à la queue et celui de la queue entêtée.)

La trognonostique dépend de plusieurs trognotations museaumorphes. On ne s’étonnera donc pas de voir des adversitations à diverses versions tant viandeuses que légumineuses diviser les gueules par culinoppositions bilatérales.

Dans la marmythologie trognonomique de la tribu M, la gueule de loup est tenue pour une fleur: elle appartient ainsi au règne végétal. Au contraire, les indigènes M jugent la gueule de bois bestiale: elle relève du règne animal. Quant à la tribu 14 A, elle considère la langue de bœuf comme intégrée à l’ordre botanomorphe et la langue ferrée (pour des raisons intéressantes et obscures que nous ne pouvons élucider ici) comme assujettie à l’ordre zoomorphe.

Mm 14

Un héros dénicheur, carrément noir, se jette dans la gueule du loup pour dormir. Mais il s’est trompé de genre: il croit reposer sa gueule de bois dans la végétation. Le loup de la gueule est animal et se trouve jeté ainsi dans une animation offensée. Le loup se met à engueuler l’intrus.

Le bruit réveille à plusieurs reprises le héros qui, à chaque fois, s’écrie: « Ta gueule! » A la fin, n’en pouvant plus, il tonitrue: « Ferme ta sale gueule, bon sang! » Le loup alors ferme sa sale gueule, et voici le dénicheur de langues enfermé dans la gueule du loup.

Voyant qu’il n’est pas plus avancé, le héros se calme et décide de se considérer comme le propriétaire de la gueule du loup. Mais il est contraint de la nettoyer avec de la farine pour que cette sale gueule puisse devenir sa gueule propre.

Dans cette opération, il loupe la sale langue qui est la langue du loup engueulé. Le héros se trouve proprement dans sa gueule enfarinée avec la langue loupée. La situation ne peut s’éterniser. Il se dit: « Il faut que j’arrive à dénicher cette sale langue. Je ne dois plus la louper ».

En entendant ces propos, la langue du loup est prise de tics de plus en plus accentués. Le héros ne se laisse pas impressionner. Dans un effort magistral, il déniche la langue du loup en le jetant avec adresse hors de la gueule.

Une fois extraits de la gueule du loup, les tics de la langue cessent d’etre indotics. Par métamorphose, la langue se transforme en langue de loup exotique.

Le loup qui se voit amputé de sa langue interdit au héros de sortir de sa gueule. Il exige que le héros remplace les fonctions de la langue dispaire. Et c’est ainsi que le dénicheur de langues devient lui-même la langue haute en tics du loup de sa propre gueule.

Bien que les anciens auteurs n’aient pas signalé cette marmythe chez les Montparnassiens, elle se rencontre très fréquemment dans les tribus de langue M ou dans celles sur lesquelles s’exerce l’influence M.

La marmythe ne mentionne pas explicitement l’origine du cru et de la cuite, mais, pourrait-on dire, elle sait si bien que là est son sujet véritable qu’elle restitue presque littéralement l’épisode de la cuite du tonnerre transformée en gueule de bois. A l’appui de ce rapprochement, on peut faire valoir que la marmythe M contient un détail à première vue incompréhensible. Comment expliquer que le héros émploie de la farine pour nettoyer la gueule du loup ? Sauf à interpréter ce geste comme le reflet transformé d’un acte similaire inclus dans la marmythe 14 A sur l’origine de la langue pourrie, le détail serait complètement arbitraire.

La farine étant une poudre pilée correspond exactement à la poudre pilée de la langue pourrie et sèche. La gueule de bois pourrie, à laquelle nous avons déjà eu recours, étant, quant à elle, identique au faire de la cuisine médiatorisée entre ciel et terre, elle boucle la ceinture parce qu’il serait aventureux d’aller plus avant dans la dialyse de la marmythe qui pose une problémation ethnographologique délicate.

  • La tèse de veau à la vinaigrette
  • Rhapsodie aux pommes
  • Quartête du chef au four
  • Passacaille aux raisins à la Bacchus
  • Les steaks de l'Asie centrale

Suite à la culotte de bœuf façon bonne femme

  • Cornet de frites au piston
  • Poireaux andante cantabile
  • Chou-fleur crescendo non tropo
  • Salade à l'egretto
  • Marche aux flageolets
  • Radis aphones
  • Pissenlits à l'hélicon

Sérénade à bras liés

  • Violon sel marin
  • Tranches de Walkurie d'agneau de vie
  • Cymbale renversée
  • Toscarotte flambée
  • Riz au nez soprano
  • Tripes à la note
  • Ventriloque sur canapé
  • Fiasco da gamba

Divertimento au tournedos Benjamin

  • Élégie au fromage blanc
  • Hot jazz à la came Ambert
  • Cornemuse de grand stilton
  • Récitation en brie mineur
  • Cantal B.W.V. 753
  • Marche militaire au Port-Salut
  • Bourrée bleue d'Auvergne
  • Roquefort pour piano-forte
  • Gorgon sola mia

Concert farci à la salade déserte

  • Tango à la crème Chantilly renversée
  • Vedette biscuit
  • Fraises hautbois

Finale aux pets de nonne

  • Poire à la clarinette
  • Tarte à la rigolade
  • Banane pour un enfant défunt
  • La compote anglaise
  • Sucette haute-fidélité
  • Tarte au gong

Postlude a la fine champagne

  • Codi di tromba
  • Soufflé a la trompinette mielleuse
  • Soupir en gélatine

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